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Quand et pourquoi ce nom est apparu? Son Histoire commence bien avant que ce lieu-dit n'en porte le nom.

Le " Prieuré Saint-Pierre-de-Parigné, un phare dans l'obscurité médièvale

 

Au début du IXème siècle, sous le pontificat de Jonas , évêque d'Orléans, des moines de l'Abbaye bénédictine de Saint-Mesmin-de-Micy près d'Orléans, fervents admirateurs des rudes pénitents de l'Orient des premiers siècles, fuyant le monde, quittèrent le monastère se dirigeant vers la couchant.

Emules des Péres du Désert ( Liber Miraculorum - tome I - page 599 ), ces quelques religieux munis de la permission de leur Abbé, partirent vers les solitudes du Maine, en quête de l'absolu. ( Concile de Germigny en 843 ).

 

 

SAINT-MESMIN-de-MICY.jpg

 

 

 

Le prieuré Saint-Pierre-de-Parigné : un phare dans l'obscurité médievale

 

Dans les hauteurs des gastines du Bourray, trois s'arrêtèrent et y édifièrent trois huttes pour cellules, la terre pour lit, des racines et des fruits sauvages pour nourriture. Entourés par le silence de cet immense désert végétal, ils rivalisaient dans la contemplation divine par une mutuelle émulation. Les trois autres continuèrent et s'installèrent dans la forêt de Longaulnay vers Saint-Jean-de-la-Motte.

 

Ces cénobites d'Occident unissaient ainsi, dans une juste mesure, l'ascétisme d'Orient à la vie active du travailleur libre, tentant de devenir le type de religieux pionnier, qui en se sanctifiant lui-même procure à ses semblables  l'entourant  d'inappréciables bienfaits.

 

Des prieurés s'élevèrent à la place des cabanes, des bâtiments à usages agricoles et artisanaux virent le jour, des friches produisirent des céréales, des légumes et des fruits, Les terrains humides furent transformés en près pour des bovins qui fournirent lait beurre et fromages  ( pièces justificatives VII - 41 , noms de bourgs et villages fondés par les moies de Micy ).

 

Nul doute, que pour les habitants du petit hameau voisin, dénommé alors le Gué de Coelhard, les sentiments de leur foi profonde, se fit communicative ; que cet amour du travail, se fit émulatrice ; que leur savoir et leurs connaissances dans de très nombreux domaines du quotidien fut bénéfique pour ses petits paysans, ayant en permanence le problème de la faim au quotidien.

 

Les guécélardais de cette époque révolue, de ces temps lointains savaient que lors d'un danger ils avaient un abri, une protection dans l'enceinte du prieuré, pour eux et leur famille, mais également pour leurs biens les plus précieux : leurs animaux. Ils pouvaient compter sur le secours dans la maladie, dans la détresse, de la nourriture dans la disette, si fréquente dans cette période de notre histoire, l'enseignement pour les enfants et quelquefois pour les adultes.

 

Ces empreintes des premiers temps, furent si profondes,  et si tenaces, qu'elles jouèrent un rôle déterminant la formation de la paroisse, puis sont élévation en commune distincte vers la fin du XIXème siècle.

 

Dans un diplôme de Louis-le-Débonnaire, le XIV des Calendes de mars ( 19 février ), de l'année 836 de l'Incarnation de Notre Seigneur, dans son palais d'Aix-la-Chapelle, Durand, diacre, remplissant les fonctions de chancellier en la place de Fridugise.....( B.N.F. - manuscrit latin 12739 , p.217 ), l'empereur des Francs accordaient aux moines de Micy, la libre cireculation de trois bateaux sur la Loire, et ses affluents, dont le Loir, la Sarthe et la Mayenne  ( l'appellation " port " à Guécélard ", date de cette époque ). Cet acte, est également considéré comme certificat d'authenticité de l'antiquité  de la fondation d'un village, d'une ville. Ce diplôme fut confirmé par Charles le Chauve dans une charte le 13 septembre 851 ( Gallia Christiana - Ecclesia Aurelis - tome XXIII ; page 1529 ).

 

Ces grands bateaux, d'une excellente flotabilité, d'une très grande maniabilité s'appelaient des " Drodéman ", nom spécifiquement celte, signifiant "bateau rapide ".

 

 

vues-guecelard 0047

Photo du cyrographe original, en bas-latin, scellant la naissance effective d'un bourg, d'un cimetière, avec l'érection d'une chapelle sur la rive gauche du Rosne, en bordure du Chemin d'Angers " ....prez du Grant Chemeing Maczois...." - dimensions 63 cm sur 43 cm - Reproduction interdite

 

 

 

Originalités, de l'acte de naissance du Gué de Seelard.

 

Tous les actes et les textes du Fond ancien de l'ordre religieux des bénédictins sont unanimes. Le Prieuré Saint-Pierre-de-Parigné-le-Poslin était, à la fin du XIème siècle, vers 1087 plus précisément largement pourvu. De plus " la Prieulerie " , domaine, pour ne pas dire la seigneurie du Prieur du prieuré Saint-Pierre, pouvait rivaliser en possessions avec Buffe, Mondan, et La Chevalerie, et quelques autres.

 

Aussi, lorsque les religieux du même ordre, de l' abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul de La Coulture du Mans voulurent reconstituer leur patrimoine foncier détruit par les raids bretons, puis nord'mans ( vickings ), c'est tout naturellement qu'ils se tournèrent vers les grands solitudes boisées qui s'étendaient largement au sud-ouest du Mans.

 

Un accord est intervenu entre Foulque, Abbé de La Coulture, et les moines de l' abbaye de Saint-Memin-de-Micy près d'Orléans, par l'intermédiaire des religieux du Prieuré Saint-Pierre-de-Parigné, pour l'édification d'une chapelle, la réalisation d'un cimetière * et la construction d'un bourg sur la rive gauche de la rivière du Rone. Le document manuscrit, signé par  les Abbés des deux abbayes, sous l'autorité et contresigné par Guillaume, évêque du Mans.

 

Dans cet acte, il est bien précisé que l'accord c'est fait à l'amiable, et il semblerait même rapidement.

 

Edifiée vers 1135, la chapelle du Guessellard, devenait église en 1230, sous le vocable de la Nativité de la Vierge Marie, prenant l'appellation de Notre-Dame du Guessellard. Un descriptif dans les Annales bénédictines, nous la précise construite en torchis, couverte en chaume, puis en bardeaux de châtaigniers, avec un support pour une cloche unique. D'une longueur de 29 pieds sur 13 pieds de large. Son élévation en église lui concédait un autel, un baptistère, un patrimoine évalué en un manse, conformément au Concile d'Aix-la-Chapelle.

 

Le hameau continua à se développer. Il semblerait que jusqu'au XIVème siècle très peu d'habitations s'élevèrent dans le cimetière délimité par les croix Blanche, de Longue Lande du Jarrier, du Cormier, du Hallier, de la Musardière, et du Bordage.

 

 

 

Un endroit dénommé ........" Le Port ", à Guécélard.

 

Il est peut être exagéré d'appeler " Port ", cet appontement, cet endroit où pouvait en toutes saisons accoster des embarcations de tous gabarits à la rive gauche de la Sarthe, dans un méandre au milieu de la végétation sub-aquatique.

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Portion du plan cadastral 1844, indiquant le chemin rural n°22 dit du Port - Reproduction interdite

 


Et pourtant, le fait est là, incontestable, les moines de Parigné-le-Poslin semblent avoir découvert un endroit de la rive gauche, rive basse par excellence, où selon des Annales et des Chroniques bénédictines, un " .....creux, de plus de deux brasses * en eaux moyennes ....permettait aux bateaux naviguant sur la Sarthe, lourdement chargés d'aborder en toute sécurité.....).

 

* la brasse, ancienne unité de longueur qui équivaut à 1,8288 mètres.

 

Il est à constater, que ce lieu dénommé " le Port ", ce situait à proximité du petit hameau cité dans les actes antérieurs au Xème siècle " le Gué de Coelhard ", et à une demie lieue du prieuré Saint-Pierre-de-Parigné.

 

Un autre moins, qui retient l'attention, ce port était pratiquement placé à la fourche formée par l'ancien chemin du Mans à La Suze, et à Malicorne, lui-même se superposant à une voie royale reliant Paris, Chartres, Le Mans, Guécélard, La Suze, Malicorne, Sablé ( 2ème pont sur la Sarthe, jusqu'au XIIIème siècle ),Laval,, La Lacellle, puis Vitré *, puis la Bretagne nord ou centrale.

 

* Cette voie a été la route dite de Madame de Sévigné, utilisée par Marie de Médicis, et deux fois par le roi Louis XIII.

 

L'autre branche était tout simplement celle constituait par le " Grand Chemin Mansais ", section sarthoise de la voie royales, reliant Paris à l'arsenal royale de Paimbeuf, par Châteauenuf-en-Thymerais, Rémalard ( où se raccordait non loin, la voie ancienne d'Evreux, elle-même recoupant la voie antique de Beauvais ), Bellême, Bonnétable, Le Mans, Guécélard, La Flèche, Angers, Ancenis, Nantes. 

 

Les Archives de l'Abbaye de Saint-Mesmin-de-Micy, bien que partiellement détruite lors du bombardement d'Orléans en juin 1940, et très dispersées, offrent pour qui s'arme de persévérance , une mine de renseignements inestimables.

 

 

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Page III de la Chronique royale du XIVème siècle, relatant un  raid destructeur de la cavalerie Anglaise - Reproduction interdite

 

 

Le hameau du Gué de Ceslard, est une cible fragile.

 

Si l'on paléographie, et si l'on traduit en clair, les pages de III à V du livre Premier, des Chroniques royales du XIVème siècle, on obtient un texte intégral d'une frappante authenticité historique,

" Informé de l'arrivée imminente de troupes françaises commandées par Du Guesclin en "personne, ne pouvant remonter vers le nord en amont du Mans, cette grande cité lui "étant militairement interdite, le Comte de Buckingham, à la tête de la cavalerie "anglaise ( environ deux cents cavaliers, peut-être plus) quitta précipitamment Pontvallain. "Remontant vers Arnage pensant trouver un gué pour franchir la rivière Sarthe . Suite à "de très fortes pluies, la rivière était grosse, suivant alors la rive gauche en aval de "Spay, il tentèrent de passer , au passage d'eau de Bel-Air.

"Conformément aux directives royales du roi Charles V, le seigneur de Buffe, avait garni "le haut fond de pieux de châtaigniers, solidement figé dans le fond et très éguisés., "avant d'abandonner le logis seigneurial. Les premiers chevaux qui s'engagèrent dans la "rivière s'éventrèrent, tandis que désarçonnés, les cavaliers alourdis par leurs armures "se noyèrent. Furieux les anglais détruisirent tout ce qui pouvait être détruit, puis "incendièrent ce qui subsistait de la demeure seigneuriale de Buffe.

"Continuant leur quête d'un point de franchissement, ils descendirent suivant le cours "d'eau au plus près vers le sud-ouest. En aval de Mondan, au passage d'eau de "Touche-Luère, ils firent une nouvelle tentative. Comme pour le précédent, sous le "niveau de l'eau une forêt de pieux acérés attendaient les ennemis de la France. Une "importante partie de la troupe périt en ce lieu . Le " château de Mondan " était proche, "littéralement déchaînés la soldatesque anglaise laissa libre cours à sa folie destructrice. "Le seigneur du lieu,sa famille, et ses domestiques se trouvaient à assister à un office "en l'église Notre-Dame du Gueselard. Il ne restait qu'au logis deux vieilles servantes "qui "furent pendues par les pieds. Les anglais mirent le feu aux dépendances, et au logis .

"Non loin de là, au hameau du Gué de Ceslard, deux guetteurs laissés pour surveiller les "mouvements de la troupe anglaise, voyant les flammes et la fumée s'élever au-dessus "de Mondan, coururent jusqu'à l'église où se trouvait la totalité de la population. Les "deux villageois arrivant bruyamment aux cris de .....veyssi les engleys.....semèrent "l'effroi dans l'assistance. Les deux moines du prieuré officiant, prirent tous les objets "religieux d'une très grande valeur, en courant se dirigèrent vers le prieuré suivis d'une "partie de la population ; se mettre sous la protection de l'enceinte sacrée de la paix de "Dieu. L'autre partie de la population, femmes et enfants et les vieillard, ainsi que tous "les animaux s'enfonçérent dans les profondeurs inextricables des landes du Bourray.

"Selon la même chronique, les cavaliers anglais stationnèrent deux longues journées "ivres de rage et encore plus de boissons. Puis ils quittèrent le hameau non s'en l'avoir "incendié, et avoir réduit en cendre l'église. Le Prieur, c'est à-dire le Supérieur, en "quelque sorte l'Abbé  du Prieuré Saint-Pierre-de -Parigné, ayant refusé de remettre les "réfugiés guécélardais, ainsi que le seigneur de Mondan. Deux tentatives de forcer la "porte du prieuré , se soldèrent par un échec, celle-ci étant trop solide. Vaincus par "l'opiniâtreté, ils poursuivirent leur route et ne purent traverser la Sarthe, quesur le "vieux pont en bois de Noyen, qui s'écroula après leur passage. 

Le chroniqueur précise, que le roi Charles V à cette nouvelle pu s'éteindre avec une dernière satisfaction.

 

Privé d'église, nos Aïeux guécélardais prirent l'habitude de se rendre à l'Office célébrée dans la chapelle du Prieuré. Pour les vieillards, et les malades il semblerait que toutes les fins de semaines, un ou deux moines descendaient au hameau apportant des fruits, et quelques bienfaits, puis officiaient dans un oratoire.

 

Un oratoire n'est pas une chapelle, et encore moins une église, nous tenons à la préciser. 

 

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Reproduction autorisée du fichier des Archives Nationales de Paris sous le n°RE-2009/0035 - format A2

Bourg de Parigné-le-Polin, vers la fin du XVIème siècle et au tout début du XVIIème siècle - Toute reproduction interdite

 

 

De nos recherches actuelles, rien , absolument rien ne nous autorise à affirmer ce point. Ce que nous avons récemment trouvé : au début du XVème siècle, deux actes de décès citent des sépultures religieuses au hameau du Guessellard.  A notre avis en lieu destiné à cet usage : donc éventualité d'un oratoire, en attendant la construction d'un nouvel édifice religieux .

 

Cet nouvelle église n'apparaîtra que vers 1505. Elle est citée dans deux actes en 1508, construite sur les ruines de la précédente.

 

ce texte est une synthèse extraite de l'ouvrage : Et si.......... Guécélard, m'étais conté - 154 pages A4 sur velin 90 gr.

dépôts légaux le 3ème trimestre 2009

Je tiens tout particulièrement à remercier les Archives départementales de la Sarthe , les Archives Nationales et la Bibliothèques Nationales de Paris, du concours qu'ils m'ont apporté.

 

André Gobenceaux - mis à jour le 29 décembre 2010


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